Incube et succube : les esprits violeurs
Vendredi 13 février 2004,
Carlotta se brossait les cheveux. À peine fut-elle allongée dans son
lit que… la chose, impressionnante, énorme, se fraya un chemin jusqu’à
elle. Carlotta souffrait ; la chose qui l’avait pénétrée si vite,
l’éperonnait maintenant avec violence. Elle n’avait plus l’impression
d’être un être humain…encore moins d’avoir affaire à un être humain.
Cette histoire peut paraître comme de la science-fiction. En vérité ces
lignes sont tirées d’un roman de Frank De Felitta dont a été tiré le
film d’horreur The Entity. Mais attention, ce roman se base sur un
récit authentique d’une jeune californienne du nom de Carlotta Moran.
L’expérience a été vécue dans les années 70 et fut consignée dans des
rapports psychiatriques des plus sérieux, confirmés aussi par des
preuves physiques, comme les nombreuses contusions relevées sur son
corps, sinistres témoignage des viols nocturnes à répétition. Carlotta
fut victime de ce que plusieurs appellent, un
incube.
Ce n’est pas un cas isolé. En fait ces « viols » sont connus depuis des
temps immémoriaux. Ce phénomène n’est pas exclusif aux femmes car
incube a son pendant féminin,
succube.
Généralement, ils sont invisibles, mais dans le cas de Carlotta, elle
voyait vraiment l’entité qui changeait de forme à chaque fois. Ça
pouvait se produire autant le jour que la nuit.
Une actrice britannique qui voulait garder l’anonymat a confessé à Stan
Gooch, psychologue et médium anglais, une expérience similaire. Elle
sortait tout juste d’une phase de sommeil profond, lorsqu’elle remarqua
que la lumière au plafond avait pris la forme d’un œil humain la fixant
avec insistance. Vint s’ajouter une curieuse sensation… elle sentait
une force s’exercer sur son corps comme si un homme était sur le point
de lui faire l’amour.
« Au début, raconte l’actrice, c’était plutôt agréable. Mais par la
suite la pression se fit plus forte. « Il » déployait une telle énergie
que mon corps s’enfonçait dans le matelas. » Lorsque l’entité disparut,
elle se précipita dans la salle de bain et, là, face au miroir, elle
remarqua que sa bouche était pleine de sang noirâtre. Curieusement, les
phénomènes de
succubes et d’
incubes
sont souvent doublés de manifestations de poltergeists : déplacement
inexplicable du mobilier, feux s’allumant spontanément, défaillance
électrique des appareils ménagers.
Y-aurait-il un lien entre les poltergeists et les
incubes et
succubes ?
C’est ce que croit Guy Lyon Playfair, un vétéran de l’investigation
paranormale en se basant sur des événements bizarres dont il a été
témoin au Brésil. Marcia, une jeune femme très cultivée, diplômée de
psychologie, découvrit sur la plage un jour une statuette en plâtre
représentant Yemanja, la déesse de l’eau. Elle la rapporta à la maison
et dès lors, elle vécut toute une série d’événements traumatisants,
manifestations typiques d’un poltergeist. Elle se sentit bientôt si
épuisée et déprimée qu’elle envisagea le suicide. La vie dans la maison
devenait impossible. Une nuit, elle sentit la présence d’un
incube
dans son lit et elle subit plusieurs agressions sexuelles. Sur les
conseils d’un occultiste, elle décida de rejeter la statuette à la mer
et dès lors tout fut terminé.
Une des hypothèses les plus intéressantes sur l’origine des
incubes et
succubes
avance que ces esprits violeurs seraient en fait des « doubles » de
personnes vivantes. Morton Schatzman, psychiatre, le croit à cause du
cas de Ruth. Cette jeune femme avait été violée par son père durant son
enfance. Adulte, elle présentait de nombreux symptômes hystériques,
notamment une capacité à imaginer que son père lui rendait visite
pendant la nuit, alors qu’il était encore vivant, pour perpétrer à
nouveau sur elle son odieux crime. Ici, l’
incube représente visiblement la réincarnation d’un traumatisme enfantin : le viol incestueux.
Plus étrange encore, Ruth s’aperçut qu’elle était capable de créer un
« double » de son époux, Paul. L’image obsessionnelle était si vivante
qu’elle entretenait un commerce charnel avec elle. Lors d’une visite au
docteur Schatzman, elle déclara : « Il embrasse à nouveau ma bouche.
Puis il commença à me faire l’amour…Nous arrivâmes à la jouissance en
même temps. » Encore plus fascinant, des personnes ont témoigné avoir
VU le « double » de Paul.
Ce curieux phénomène de dédoublement pourrait faire pencher pour une interprétation psychanalytique du phénomène des
incubes.
Ce seraient des projections d’un moi qui rejette, refoule certaines de
nos propres tendances sexuelles, qui prendrait alors la forme d’un
« double » extérieur et persécuteur.
On peut aussi associer le phénomène d’
incube et
succube
à la paralysie du sommeil, dont les symptômes sont identiques :
sensation d’une présence, d’un poids opprimant la poitrine, sensibilité
sexuelle accrue, accélération du rythme cardiaque, difficultés
respiratoires, incapacité à se mouvoir, comme si les muscles étaient
paralysés.
Toutes ces théories n’expliquent cependant pas la présence de phénomènes poltergeists qui joignent souvent les
incubes et
succubes.
Simple coïncidence ces deux phénomènes ? Étant donné qu’on donne aussi
une explication psychanalytique aux poltergeists, il serait plausible
de relier les deux phénomènes.
Cet article a été élaboré en se basant sur le numéro 25 de la revue
Facteur-X aux éditions ALP/MC. Cette chronique a pour but le
divertissement et n’a pas la prétention de se prendre au sérieux.