Août, 1992. Dans le pavillon préfabriqué où vivent les Griggs, à Portsmouth(Angleterre), les meubles commencent à changer de place tout seuls. Des odeurs nauséabondes et des bruits venus de nulle part, s’installent dans la maison. Une pièce du rez-de-chaussée semble être le centre des manifestations. Mme Griggs fait alors appel à un prêtre et un médium qui concluent que la petite Jasmin Griggs, 18 mois, est apparemment possédée par l’esprit d’un précédent locataire.
Les poltergeists, ou esprits frappeurs, ne sont pas un phénomène nouveau. Un cas fut signalé en Chine aux alentours de l’an 900 et un autre eut pour cadre l’ex-empire romain, en 530 après J.-C. Le terme poltergeists est un mot d’origine allemande signifiant esprit bruyant, ce qui désigne bien un phénomène s’accompagnant fréquemment de bruits aussi forts qu’étranges. La principale différence entre les poltergeists et les fantômes est que les premiers semblent attachés à une personne et non un lieu ou une maison. Là où se déplace la personne, « épicentre », le phénomène suit. Peu de ces victimes sont conscientes que ces phénomènes leur sont liés.
Deux cas illustrent ces faits. L’affaire Rosenheim se déroula en Bavière, de 1967 à 1968. L’épicentre était la jeune Annemarie Schaberl, âgée de 18 ans. Peu de temps après son entrée comme secrétaire dans le cabinet d’avocats Sigmund Adam, les premiers phénomènes apparurent. Sur son passage, les fils électriques des plafonniers se balançaient, les ampoules avaient tendances à exploser et les débris de verre se dirigeaient toujours vers elle. Le téléphone enregistrait un nombre incroyable d’appel alors que personne ne l’utilisait, un tableau se déplaçait tout seul et une armoire de 175 kg, situé près d’Annemarie, s’écarta spontanément du mur à deux reprises. Quand la jeune fille quitta le cabinet, tout redevint normal.
L’autre cas s’est déroulé en Belgique. Le 5 janvier 1993, vers 20h, des phénomènes bizarres se déclenchèrent à l’arrivé d’Éric Barbe, le petit ami de la fille des époux Dubart, dans la maison de ses beaux parents. Le lourd buffet se déplaça, une desserte s’agita, des objets s’envolèrent et semblèrent se diriger vers Éric. La famille fit venir un exorciste et les phénomènes cessèrent après cet exorcisme…et après l’éloignement du galant jeune homme.
Pour Andrew Green, célèbre enquêteur dans le domaine du paranormal, l’activité de ces esprits frappeurs relève de la psychokinésie, i.e. la capacité de déplacer des objets et de produire des bruits par sa seule pensée. Il soutient aussi que ces phénomènes peuvent être produits par des gens des deux sexes, dès l’âge de 3 ans jusqu’à la fin de la quarantaine. Le plus souvent, on note un traumatisme psychique chez le sujet. En effet, William Roll, un parapsychologue américain, a constaté que sur 92 affaires d’activité poltergeist, quatre des épicentres supposés étaient épileptiques. Le sujet atteint de cette maladie siégeant dans le lobe temporal perd conscience pour une période de temps variable et certains pouvoirs de son esprit pourraient être libérés et produire des phénomènes psychokinétiques. Par contre, il faut mentionner que l’épilepsie n’intervient que dans un faible pourcentage des cas.
Guy Playfair échafauda une autre théorie après avoir été témoin d’un cas surprenant. Pendant 14 mois, à partir de la fin août 1977, le domicile de Mme Peggy Hodgeson est la proie d’une activité poltergeist centré autour de sa fille de 11 ans, Janet. Le mobilier familial subit d’importants dégâts : plusieurs meubles sont déplacés violemment dans différentes parties de la maison. Des graffitis apparaissent spontanément sur les murs et on voit l’eau sortir du plancher et des murs un peu partout. Ces phénomènes font la une des journaux du monde entier et ils ont été observés par de nombreux témoins, y compris par la police, par des scientifiques et des enquêteurs spécialisés dont Playfair. La théorie de ce dernier situe l’origine des phénomènes dans la glande pinéale, glande contrôlant l’émission des hormones sexuelles. Pendant la puberté, la glande pourrait sécréter des hormones générant une énergie créatrice. Lorsque l’enfant se sent doté de cette nouvelle force, il lui faut un exutoire. À défaut, cette énergie pourrait être captée par des « entités maraudeuses » qui se l’approprient à leurs propres fins. Les gens seraient comme une source d’énergie utilisable par des esprits.
Malgré plusieurs essais pour faire valider sa théorie, la communauté scientifique penche plutôt sur la théorie de la psychokinétique récurrente spontanée. Andrew Green persiste à croire que les incidents poltergeist procèdent uniquement de l’inconscient : ils refléteraient les pouvoirs créateurs et de mise en scène auxquels le sujet fait appel pour gérer des émotions réprimées et des conflits émotionnels. Essayant de prouver la thèse de la psychokinésie, la Société Canadienne pour la Recherche Psychique procède à une série d’expériences à Toronto. Huit membres de la société créent avec leur énergie mentale, un personnage totalement imaginaire du XVIIè siècle qu’ils nomment Philip. Après plusieurs mois de séances hebdomadaire, Philip commença à communiquer en frappant sur une table et en la faisant bouger. Il est même capable d’en provoquer la lévitation devant les caméras de télévision. Malgré cela, l’expérience n’a jamais été validée. En effet, comment prouver que les chercheurs ont réellement provoquer la psychokinésie sans être à leur insu les jouets d’un poltergeist ?
Quoiqu’il en soit, l’origine du phénomène n’a jamais été trouvée. Le mystère reste entier…